En 1994, vous quittez votre région natale de Tours pour vous installer à Nîmes. Après avoir travaillé dans des agences de communication, vous vous êtes lancée comme graphiste freelance. Parlez-nous de ce beau métier, peut-être méconnu par certains, et qui a sublimé notre affiche.

Je vous remercie pour le compliment. J’aime le métier de graphiste, car il permet de rencontrer de nombreux domaines d’activité, d’essayer de les comprendre en écoutant attentivement leurs représentants. Ensuite, je tente de créer un pont entre mon client et ses futurs clients. Ce pont est fait de couleurs, de mots, de photos et de dessins. Il s’agit d’expliquer ou de rendre attractif des offres de services, ou bien de vendre des produits par le biais d’affiches, de dépliants, de sites internet…

Au début des années 2000, l’autrice Frédérique Huguet Jarnot, née sous ce pseudo, écrit des romans et des nouvelles. Vous venez aussi de créer votre marque d’édition du nom de Liko. Faites-nous découvrir l’écrivaine et son univers.

J’ai toujours aimé écrire, mais j’ai mis longtemps à oser me lancer, car je ne me sentais pas légitime. Mais un jour, sans que je ne comprenne pourquoi, j’ai écrit d’une traite, en quelques semaines, le premier jet d’un roman. Puis j’ai pris le temps de le peaufiner. Et j’ai adoré cette expérience. Depuis, j’écris régulièrement nouvelles et romans. Pour le dernier, Renaturée, j’ai choisi de créer ma marque d’édition par envie de mener l’expérience de bout en bout. 

Parlez-nous de la cohabitation entre la graphiste et l’autrice au travers de ces deux imaginaires et de ses répercussions sur la vie familiale au quotidien.

À présent que mes filles sont grandes, il m’est plus facile de trouver du temps et de jongler entre mon métier et la littérature. Même si la sortie de mon dernier livre a tellement empiété sur ma vie que mon activité professionnelle en a pâti et que, durant mes congés, j’ai fait appel à mes proches pour m’aider à tourner une vidéo promotionnelle, par exemple.

Comment appréhendez-vous ces deux univers qui peuvent sembler différents, mais qui in fine se rejoignent ?

Quand je travaille l’univers graphique d’un client, je suis entièrement à l’écoute de l’autre. Alors que lorsque j’écris, je suis concentrée sur ce que j’appelle « mon chant intérieur ». En effet, l’écriture pour moi consiste à essayer de trouver sa propre voix. Il y a cependant quelque chose qui réunit les deux : c’est l’intuition, l’ouverture à une sensibilité qui nous dépasse.

Interview réalisée par Vivuane Machet, Lou Bèn Soulèn N° 22, mai 2023.